La ferme

Date

Et voilà, c’est sur moi que ça tombe, comme si j’avais pas assez de boulot comme ça. Bon alors il faut que je vous parle de la ferme : en avant pour la visite.

Un peu d’histoire…

En 1629 naquit M. Pierre Bonnard fils de Catherine Matricon et de Pierre Bonnard (oui je sais ça commence mal, dans le temps ils oubliaient d’être originaux coté prénom).

Bref tout ça pour dire que la ferme des Bonnard, à Marcoux à la Terrasse sur Dorlay, c’est de l’histoire ancienne. Je saute quelques générations pour arriver en 1955, l’année du mariage de nos parents. Marie Micol, née à Chavas à Doizieux (gardez bien ça en tête, ça nous resservira tout à l’heure) et Raymond Bonnard unissaient leurs destins pour s’installer sur la ferme.

Après des années d’élevage de veaux, vaches, cochons et autres quatre fils (ah! faut suivre y’a des pièges), il se trouve que la ferme se trouve un peu modifiée et agrandie.

En 1982, Jacques (le troisième) achète la ferme du voisin et s’installe avec ses parents. Pour ceux qui aiment le jargon paysan, c’est à ce moment que se créé le GAEC – groupement agricole d’exploitation en commun – du Crêt Marcoux. A ce moment, il n’y a que des vaches laitières.

En 1992, les parents prennent leur retraite et Etienne (le second) les remplace. Aux vaches, s’ajoute un élevage de poulets label.

Attention à partir de maintenant ça va s’accélérer…

En 1998, Monique (l’épouse d’Étienne) s’installe et démarre l’activité d’abattage et de transformation de volailles.

En 2000, André (le quatrième) reprend la ferme des oncles à Chavas à Doizieux (ceux qui savent pas qui sont ces oncles n’ont qu’à relire depuis le début). C’est l’occasion de construire une nouvelle étable pour les vaches entièrement aux normes environnementales qui recyclent tous les effluents et tout et tout.

En 2001, Isabelle (l’épouse d’André) crée la ferme auberge dans l’étable de la ferme de Chavas.

Après une association avec notre ancien apprenti, c’est aujourd’hui 4 salariés qui œuvrent chaque jour à nos cotés pour faire tourner toutes ces activités. Loïc, Angélique, Mickaël et Myriam nous ont rejoints ces 2 dernières années. Entre temps une fromagerie est venue compléter notre palette.

Depuis le début de l’année 2017, nous avons même changé le nom de notre GAEC. Maintenant c’est le GAEC Ferme de la Poule Rousse, en hommage à notre animal fétiche! 

C’est bon vous êtes toujours là?

Et maintenant…

Le plus gros de l’activité de la ferme se concentre autour des deux élevages.

A tout seigneur tout honneur, je demande les vaches.

Depuis le temps qu’on y travaille, les 2 générations ont permis de créer un élevage de 90 vaches laitières qui produisent chaque jour 2000 à 2200 litres. Ils servent à faire du lait Candia ou des yaourts Yoplait. Dans la fromagerie, nous nous essayons à transformer quelques litres en fromages, beurre et crème. Encore plein de projets en perspective.

Toutes ces vaches font naturellement des veaux, à peu près un par an. Je sais que je vais choquer mais à la naissance, il y a une ségrégation évidente.

Les mâles sont soit vendus pour partir en Italie soit engraissés pour faire des veaux de lait vendus dans les magasins de Saint Paul, Saint Chamond et Génilac.

Quant aux femelles elles restent sur l’exploitation pour servir de renouvellement pour les années futures. Elles ont alors le droit d’être baptisées (point de blasphème, c’est un baptême purement républicain). Chez nous, on aime jouer à la filiation thématique, il y a la famille « fleurs », la famille « BD », la famille « hôpital », la famille « oiseau », etc… Par exemple, dans la famille « pierre précieuse » ça donne: Danburite, fille d’Uranolite, fille de Saphir, fille de Nickel, fille de Joyau, fille de Gourmette et ainsi de suite. Dans mon idée, je pensais proposer à nos amis internautes de participer à ce petit jeu du nom. Mais bon faut aussi que je trouve le temps de faire tout ça.

J’en était où dans tout ça ???

Ah oui, pour nourrir les vaches, il faut de l’herbe, beaucoup, mais alors beaucoup d’herbe. Chez nous, elles l’ont en plat unique du premier janvier au 31 décembre. Selon la saison, elles vont la chercher elles mêmes en broutant toute la journée, et l’hiver, elle leur est servie sur un plateau. Bien sûr, c’est de l’herbe de printemps que l’on a pris soin de récolter avec précaution et à condition que Madame Météo ne soit pas trop vache avec nous.

Tiens du temps que j’y suis, je suis sûr que vous êtes du genre à dire que les paysans, ils râlent toujours à cause de la météo. En fait, pour nous c’est simple, on veut 20 ou 30 millimètres de pluie par semaine, et qu’elle tombe exclusivement dans la nuit du samedi au dimanche. C’est pas compliqué. Si ça se passe comme ça, alors on arrêtera de râler, sinon…

Et voilà j’ai encore perdu le fil…

Ah oui, les vaches elles mangent. C’est pas un scoop. Pour faire du lait pardi ! Vous savez qu’une vache peut faire jusqu’à 50 litres de lait par jour ! C’est dingue non. Chez nous c’est beaucoup plus modeste, celles qui en font 30 sont bien notées mais au delà j’aime pas trop. Forcément si elles font beaucoup de lait, ça risque de les fatiguer, et après elles peuvent être malades, et après faut les soigner. Et c’est qui qui s’y colle? Bibi. Alors merci, j’aime mieux les voir moins productives que malades.

A coté il y a les élevages de volailles et de lapin.

Ceux là, c’est plutôt Jacques et Étienne qui en assurent les soins.

Chez nous on ne fait pas naître les poussins. On les achète à un autre éleveur, installé dans l’Isère. Toute l’année, on élève des poulets et des pintades. Un peu moins régulièrement, on élève des canards. Le problème avec les canards, c’est qu’on a voulu leur laisser un grand bassin pour nager. Et du coup, ces gros malins, ils ont compris que devenus adultes, le retour à la cabane pour grignoter peut devenir définitif. Très vite, les canards se sont habitués à ne venir grignoter que la nuit. Et ainsi on élève de beaux canards tellement sauvages, qu’on arrive plus à les rattraper ! C’est ballot !

Aussi au moment de Noël, disons dès la fin de l’été et en prévision de Noël, on élève des chapons, des oies et des dindes. Pour les oies, c’est le même bazar que pour les canards, sauf qu’avec un peu de chance, le bassin est gelé et alors les chiens arrivent à les attraper. Hé hé, on a des alliés!!

Et qu’est ce qui mangent ces bestiaux ? Ils ne mangent que des céréales et du colza. En matière de céréales, c’est plus facile de les nourrir avec du maïs. Ils préfèrent et en plus ça fait des jolis poulets avec la peau jaune doré. C’est plus mignon. Sauf que chez nous le maïs, ça pousse mal. Il faut des terres grasses avec beaucoup de réserve en eau. Alors c’est Patrice, installé dans l’Isère qui nous vend son grain. Mais vous pensez peut-être qu’on distribue le blé à la main avec un fichu sur la tête? Non, non, non ! Nous, les images d’Épinal sur la fermière avec ses bottes en plastique et son tablier à fleur, c’est pas notre truc. On est comme tout le monde, on aime avoir une journée de travail pas trop longue ni trop fatigante. Alors le grain, on le moud avec notre moulin et la chaîne d’alimentation remplit les mangeoires à intervalle régulier. Ça fait moderne ou industriel, c’est comme vous voulez, mais ça évite les mains calleuses qui font des crevasses au lieu de faire des câlins…

Et les lapins dans tout ça ?

Eux on les fait naître sur notre élevage. Pour ça, on a deux bâtiments, un qui s’appelle la maternité et un qui s’appelle l’engraissement. Dans la maternité, c’est là que se passent les naissances (je sais c’est un pléonasme) . Pour ça, il faut un bâtiment chauffé l’hiver et ventilé l’été pour que le bâtiment soit ni trop chaud ni trop froid. Mais aussi il ne faut pas de courant d’air. C’est bigrement fragiles ces bêtes là. Ceux qui ont des clapiers le savent bien. Les lapines portent 4 semaines et les petits sont sevrés à 1 mois. On a choisi des races de lapins qui permettent d’avoir des gros lapins à croissance lente. C’est meilleur!!

L’engraissement se fait en cage semi plein air. Mais attention, dans le lapin, quand on parle de semi plein air, c’est de l’éleveur qu’on parle. C’est lui qui est à l’air parce que le lapin -je vous l’ai déjà dit- ne supporte pas les courants d’air. Nos cages, du coup, elles ressemblent à des terriers. C’est comme ça qu’ils sont heureux, et qu’ils n’attrapent pas de maladie.

Leur nourriture n’est pas facile à faire. Ces bêtes sont tellement fragiles, qu’il leur faut de l’aliment bien régulier. Alors on leur donne de la luzerne déshydratée pour les protéines et des céréales pour l’énergie. C’est simple comme ration, mais c’est pas facile de faire ça dans les exactes proportions pour que le tube digestif ne soit pas dérangé… J’vous jure, c’est franchement de loin le plus difficile de nos élevages.

La visite est terminée, n’oubliez pas le guide !

André.

Plus
d'articles

Contact

Partage